Formé dans les premiers jours de 2006 par trois briscards de l’underground rock et électronique parisien (Damien Mingus aka My Jazzy Child, Aurélien Potier, Axel Monneau aka Orval Carlos Sibelius) un brin fatigués de la fée électricité, Centenaire s’est initialement rêvé comme un groupe de folk de chambre, pour guitare, charango et violoncelle. D’abord par souci d’économie (pour pouvoir répéter à la maison, autour du thé), ensuite par envie de jouer à cache-cache avec les schémas complexes de la musique baroque et le silence, le Penguin Café Orchestra, Yes, le Delta Blues, Pentangle, ou Mark Hollis, ou, plus simplement, de raconter des histoires directement de la bouche à l’oreille. Après avoir initié un temps la mode des concerts en appartement, Centenaire a pris du poids avec l’arrivée de Stéphane Laporte (Domotic), d’un mini-kit de batterie et d’un orgue électrique et considérablement augmenté sa grammaire (de Sonic Youth à Tortoise) au fur et à mesure des retraites dans les mystérieuses campagnes de Navarre.
Après un premier album sans titre sorti chez feu le label Chief Inspector (2007) et le superbe The Enemy (Chief Inspector / Clapping Music – 2009), Axel quitte le groupe pour réactiver Orval Carlos Sibelius et s’atteler à la création de son magnum opus Super Forma. Les instruments changent de main et le trio restant développe un son plus abrasif influencé par le krautrock et le noise. En formation augmentée d’un deuxième batteur (souvent King Q4), Centenaire donne occasionnellement des concerts de musique improvisée où leurs penchants pour le free rock le plus aventureux prennent le dessus.
En juillet 2014 sort le EP 4 titres Ste Croix annonciateur de l’album Somewhere Safe qui suit en novembre de la même année. Le désormais trio y développe un son beaucoup plus sale et abrasif qu’auparavant, entre noise et krautrock, Sonic Youth et This Heat. Qualifié de “prog-folk” à l’époque du premier album, puis de “prog pop” à la sortie de The Enemy, Centenaire pourrait bien se voir aujourd’hui affublé d’une étiquette “prog garage” qu’ils seraient bien les seuls à pouvoir revendiquer. Garage pour l’aspect primitif du son, gorgé de fuzz et de dissonances, et prog pour la sophistication des compositions, les accords bizarres et le lyrisme émouvant mais jamais surjoué qui émane des ces huit chansons envoutantes.