Partagé entre une musique électronique infiniment ample, une chanson française pointilleuse et un rock complexe et crépusculaire, le projet Encre de Yann Tambour défie tous les genres et toutes les écoles. Il est le seul, en France et ailleurs, à concentrer dans ses chansons nocturnes et emportées arpèges acoustiques et arrangements luxuriants de cordes, résonances boisées du folk américain et relents industriels à la Autechre. C’est que Yann écrit des chansons paradoxales et complexes, qu’il habille au gré de ce qu’elles exigent de fragments d’instruments, d’arrangements complexes de cordes virtuelles ou de débris informatiques.
Natif de Normandie, formé au spleen écorché façon Mark Kozelek, Will Oldham ou Bill Callahan, Yann a peaufiné en solitaire son folk numérique et volubile atypique entre Brighton, Paris et la campagne normande avant de former Encre le quintet, machine de guerre de rock triste et romantique avec lequel il a écumé pendant plusieurs années les scènes d’Europe, exploré sa passion des arpèges de guitare tourbillonnants et des structures alambiquées (un modèle avoué étant à trouver du côté de Godspeed You Black Emperor! et de toute la scène montréalaise) et même réalisé un album live (Common Chord, 2005). Après deux albums fabuleusement ambitieux de bruits et de mots (Encre en 2001 et Flux en 2004 sur Clapping Music) et une symphonie entièrement élaborée sur ordinateur (Plexus II, sur Miasmah), il se consacre depuis 2005 à son nouveau projet Stranded Horse (deux albums sortis chez Talitres), où la Kora et le blues du Delta jouent des rôles prépondérants.