Parce qu’elle est arrivée à sa propre musique presque par accident et parce que ce jour béni, elle n’avait rien d’autre sous la main qu’un Casio et Garageband et qu’elle en avait gros sur le cœur, à dire et à chanter sur l’incapacité à être dans le monde, (presque) rien ne fut différent pour Camille le jour où elle enregistra le premier morceau de Karaocake que pour Bill Callahan le jour où il enregistra le premier morceau de Smog. Pourtant Karaocake n’a pas pu s’empêcher de prendre de la hauteur au fur et à mesure des concerts qu’on proposait à Camille, dans une belle, très belle spontanéité, avec rien d’autre que trois accords, une pelote de laine et une formule magique dans la besace : « We can build a kingdom out of nothing ». La suite s’est donc faite loin de sa chambre (là où elle aime enregistrer) : d’abord en tournée au Canada, aux Etats-Unis et en Europe, aux côtés de son labelmate François Virot, OK Vancouver OK ou Greenbelt Collective, parce que là-bas, la pop DIY c’est, encore, (presque) plus qu’un look et une bédé de Jeffrey Brown, c’est un choix de biosphère, de faune et de nourriture ; ensuite sur disque, avec Stéphane Laporte aux ma nettes, pour un premier album pleins d’échos, de poussière et de poussière (Rows and Stitches – 2010) ; enfin sur scène, où Karaocake est finalement devenu un trio (avec Domotic et Charlotte Sampling).