Axel Monneau avait un moniker prédestiné sur sa carte d’identité, mais il n’a jamais percuté. Déjà à la fin des 90s, quand il fallut arrêter la power pop en trio avec Poptones (Alan McGee lui a piqué l’idée), il tournait le dos à Phil Spector pour lui préférer Lewis Carroll et s’appeler Snark (une semi-douzaine de cassettes magiques et deux albums formidables de bidouilles surdouées, entre Eno et Mouse on Mars). Puis quand il fallut se trouver un nom pour sortir sa grande oeuvre éponyme en 2006, rebelote, trois fois même : une bière d’Abbaye, un chanteur cochon pour les enfants et un grand compositeur finlandais pour le plaisir de consonner comme ses héros Hans-Joachim Roedelius et Dieter Moebius de Cluster.
Mais qu’importe, Orval Carlos Sibelius n’était finalement pas moins ad hoc comme sobriquet, pour la grande oeuvre en question, premier album sans titre (2006), qui tutoie effectivement le beau spleen motorique de Cluster, en même temps que les arpèges solaires de Yes, la violence compliquée de King Crimson ou la pop en étages de Kevin Ayers, mais aussi MTV tard le soir en 1992 ou quelques VHS épuisées de films avec Sonny Chiba, tout ça empilé sur la bande magnétique étroite d’une cassette 4 pistes.
En parallèle, notre animal, très sociable, joua un rôle non négligeable (la guitare, le loup) dans le groupe de prog folk médiéval Centenaire, le temps de deux albums, Centenaire et The Enemy, entre 2007 et 2009, puis frappa un temps les fûts chez les énervés Kimmo. En 2010, volontairement libéré de tout engagement autre que son métier de projectionniste, Axel ressuscite Orval et s’attelle à l’écriture et à l’enregistrement, pour la première fois dans un vrai studio, du deuxième album, accouché dans la douleur et qui ne verra le jour que trois ans plus tard, en mai 2013 : le désormais fameux Super Forma,
l’un des très grands disques de pop psychédélique de l’époque.
Retour en arrière. Fin 2010, alors que le mixage de Super Forma, ce chantier pharaonesque est au point mort, Orval se dit qu’il ne viendra jamais à bout de ce deuxième album, que Super Forma ne sonnera jamais comme il l’avait imaginé… Pour conjurer la malédiction et alors que de nouvelles idées commencent à affluer, il commence à composer de nouvelles chansons. S’ensuit une période d’intense bouillonnement créatif : en deux mois, dix nouveaux morceaux sont écrits, enregistrés, mixés en autarcie à la maison puis pressés sur vinyle bleu dans la foulée : Recovery Tapes, le troisième album d’Orval Carlos Sibelius est sorti deux ans avant son deuxième.
Orval Carlos Sibelius est actuellement en tournée pour défendre Super Forma. Toutes les dates sont sur notre page agenda.
Orval Carlos Sibelius live : Orval Carlos Sibelius (guitare, chant), Audrey Bizouerne (clavier, choeurs), Dick Turner (trombone), Arnaud Caquelard (basse), Jérôme Lorichon (batterie).