Après une jeunesse tapie dans l’ombre de quelques compagnons de la chanson (Don Nino, Davide Balula, Domotic), Stéphane Garry prit un beau jour de 2004 son monde par surprise en sortant Pokett de son chapeau. Incroyable mais vrai, le premier projet solo de ce multi-instrumentiste discret apparaissait immédiatement formé et personnel, éminemment mature et supérieur.
Marqué au fer rouge par quelques grandes voix américaines du folk versant stupeur et trompettes (le Neil Young d’After the Gold Rush, Jim O’Rourke, Elliott Smith), ses deux premiers Crumble (2004, l’éclosion) et The Peak (2007, l’explosion) semblaient remplir un espace jusque-là laissé presque vacant (citons tout de même les tentatives pionnières de Paloma) dans la scène française : celui du songwriter humble et classe, qui secoue le cocotier de la tradition et talonne en ambition, innovation et émotion jusqu’aux Maîtres d’outre-Atlantique.
Volontairement plié et emballé en un temps limité quand ses prédécesseurs furent les beaux fruits de longs mois de maturation, le troisième Thr33 Fr33 Tr33s, plus frontal et moins conceptuel que son titre ne pourrait le faire penser, a surpris par son absence de détours, de cordes ou de grésillements électroniques.
Aux dernières nouvelles, Stéphane Garry travaillerait à la suite dans le home-studio qu’il a bâti de ses mains en région parisienne.