Lisa Duroux (chant, batterie) et François Virot (chant, guitare, basse) ont commencé à jouer ensemble en 2006. Ils étaient allés faire quelques travaux dans le local de répétition de Clara Clara à Lyon mais finalement l’après-midi bricolage a fait long feu (ça les saoulait) et s’est transformé en jam session avec une première chanson à la clef. Et puis très vite les premiers concerts, parfois en compagnie du frangin Charles Virot à la deuxième batterie (on se souvient notamment d’un passage parisien survolté à La Flèche d’Or en septembre 2008 – à l’époque le groupe s’appelait encore Sea Ahoma). Mais le futur Reveille est rapidement mis en veilleuse quand Lisa part vivre à Hambourg et que François ne sait déjà plus où donner de la tête entre la sortie du premier Clara Clara (AA paraît en janvier 2008 chez SK Records), celle de son album solo (Yes Or No en novembre 2008 chez Clapping Music), les tournées marathoniennes qui s’ensuivent des deux côtés de l’Atlantique, puis la préparation, l’enregistrement et le mixage du deuxième Clara Clara et toujours, encore, des concerts, des concerts, des concerts.
Entretemps Lisa est revenue à Lyon, a proposé un peu au pif le nom de groupe « Reveille » et François s’est empressé de l’accepter vu que c’est aussi le titre de son album préféré de Deerhoof. Répétitions intensives, le répertoire s’étoffe, le premier album Time and Death est enregistré dans la foulée enthousiaste en décembre dernier puis le mixage est finalisé par François au retour d’une tournée européenne de deux semaines en mars 2010 et l’album sort quelques semaines plus tard en vinyle et téléchargement.
Trois ans plus tard, et quelques mois après un split single avec le surdoué Chris Cohen, Broken Machines (2013) témoigne du bond avant effectué par notre duo. Le son s’affirme et se densifie, l’interprétation gagne en puissance et en intensité rugueuse, l’horizon s’élargit, les pistes se multiplient. Lisa et François jouent une musique qui a pas mal à voir avec pas mal de groupes des catalogue Dischord et Touch & Go, pas mal à voir avec Blonde Redhead, pas mal à voir avec les Pixies, même… Mais derrière ces riffs à la croches et ces unissons de voix ripolinés, il y a un coffre fort rempli à ras bord de petites formes bizarres, d’imbrications harmoniques inattendues, de sentiments complexes pour les épouser. Et ce qu’on retient le plus fort, même après avoir passé la dizième écoute, c’est l’étonnante plénitude qui se dégage du disque. Reveille ne font pas de la complexité un gimmick: ils l’enfouissent sous les conneries pour dodeliner de la tête dans une cave, et vous la proposent à faire macérer à l’arrière du crâne pour entendre en vrai les (très belles) choses qu’ils ont à vous dire.